L'historique

Avertissement : L'historique que vous allez lire a été élaboré par M. Daubigney jusqu'en 1975. Travail gigantesque qui n'a pas encore été prolongé à ce jour.

1878-1904
 

La Fraternelle a été créée en 1878, par Monsieur Simon qui était alors Percepteur Tavaux, au n° 31 Rue Nationale. Cette maison occupée en 1976 par un vétéran de la société, Fernand Mâle, a été la maison familiale de ses parents, Mr Edmond Mâle. Le père a été longtemps porte bannière. Un frère de Fernand, Louis a été chef de musique durant 40 ans.

Cette maison avait la vocation de fournir des animateurs précieux à La Fraternelle.

On sait que Mr Simon a d'abord créé la clique, rattachée jusqu'en 1932 à la Compagnie de sapeurs pompiers, et une fanfare (exclusivement composée de cuivres) qui a commencé par le solfège et le chant choral, en attendant de pouvoir jouer.

On sait aussi qu'à Mr Simon ont succédé les chefs Lavrut, puis Lullier (qui conduit La Frat au concours de Seurre en 1887) puis Eugène Daubigney (concours de Dole 17-18 mai 1891-médaille de vermeil et concours de Dijon 1892-1er prix de lecture à vue). Ces prix sont significatifs des progrès faits de 1878 à 1892.

Pour entrer à la musique, les nouveaux devaient payer, à cette époque, un droit de 20F, en or : un LOUIS ! Augustin Mâle devient secrétaire vers 1895. La société, jusqu'à 1902, jouait à certains offices religieux (Pâques, Ste Cécile, fêtes ...)

 
1904-1926 Isidore Danjean
 

Isidore Danjean est un commerçant en grain. Il habite Rue de Molay. Il a quelques aides salariés, mais son affaire est relativement modeste. Il est marié, sans enfant et très attaché à La Fraternelle. On le choisit comme chef en 1904.
Il va suivre la ligne tracée. Il a comme sous-chef, un excellent piston : Paul Courcenet.

Bon directeur, à la calme autorité naturelle, il fait faire des progrès notables dans la discipline, la présentation, l'éxécution.
Une vieille photo montre le groupe, avec la pantalon blanc, la veste sombre et comme coiffure le... canotier, qui constitue probablement le premier uniforme.

Le 15 et16 août 1907 à Dijon, La Fraternelle se présente parmi les 98 sociétés de musique qui participent au concours international. La Fraternelle, classée en 3ème section 3ème division obtient un 2ème prix d'éxécution et un 2ème prix de lecture à vue.

Vers 1911 ou 1912, on manque de précisions, La Fraternelle apparait avec un uniforme nouveau dont beaucoup de contemporains peuvent de souvenir : Veste careuse (on dirait aujourd'hui veste MAO) à grand col, pantalon bleu marine à large bande bleu ciel, casquette classique.

La guerre de 1914 va arrêter toute activité qui ne reprendra qu'à l'automne 1919. Ce n'est pas commode, on s'en doute. Il y a encore 15 ou 16 musiciens, plus 4 ou 5 clairons. Parmi eux, et heureusement, on retrouve le chef Isidore Danjean, le sous chef Paul Courcenet, le chevronné et très bon musicien Albert Enoc, Augustin Mâle le secrétaire trésorier. Mr Lullier, secrétaire de mairie, est Président. Les cadres sont là, ils raniment les bonnes volontés et La Fraternelle repart.


L'orchestre en 1918
Dès cet hiver 1919/1920, les cours de solfège réunissent 24 jeunes gens. Parmi eux, Louis Mâle.
Un fait mérite d'être signalé. Jules Daubigney est un vétéran de La Fraternelle. Il est revenu de la guerre avec l'avant bras droit en moins. Pour reprendre sa place à La Fraternelle, il apprend à jouer de la main gauche. Basse Sib à 4 pistons, très bon musicien il sera sur les rangs, ne manquant jamais une répétition jusqu'à 1940. Il est décédé en 1941.

Il faut aussi parler des traditions.Il y a toujours concert et bal de Ste Cécile, concert pour Pâques, concert l'après midi de la fête patronale; à l'origine, sur le lieu même de la fête foraine puis sur la place St Gervais.

Les musiciens jouent debout, en cercle, le chef au milieu. Quand la société défile, les gros cuivres sont en tête, derrière les clairons.
L'été, il n'est pas rare de voir un dizaine de badauds, supporters, sur les escaliers de la salle de répétition. On vient écouter la répétition mais aussi "la regarder"...

Mais revenons à la reprise. La musique participe en avril 1923 à l'inauguration du monument aux morts. Mais les jeunes ne sont pas encore sur les rangs. Cette inauguration est un événement et peut-être faut il en donner une idée :
"La fête a été précédée d'une longue période de préparation (plusieurs mois). Les écoles et les jeunes filles ont fait des montagnes de fleurs en papier, les jeunes gens sont allés au bois ramasser des voitures de mousse, on a fabriqué des guirlandes (très belles) piquées de fleurs, des centaines et des centaines de mètres. La facade de la mairie, alors au groupe Joliot Curie, est illuminée par des guirlandes d'ampoules multicolores. La poste aussi, les grilles garnies de guirlandes. Sur la place, il y a encore de de très grands maronniers, une coupe de guirlandes posées très haut, bien régulières, se réunissent au pied de la coupe pour supporter une immense croix de guerre qui est ainsi suspendue juste au dessus du monument lui même. Toute la rue Nationale est décorée : poteaux, écussons, drapeaux, guirlandes. Une estrade décorée est prévue pour la musique et les officiels. Musique, discours, émotion, chants par les enfants des écoles... la foule. Le soir, un bal." (souvenir d'un 8 ans à l'époque).

Après cette cérémonie, les meilleurs élèves arrivent sur les rangs, puis de nouveaux cours reprennent.
Pour entrer, le droit d'entrée des nouveaux qu'on appelle "cotisation instrument" est de 200 F. C'est beaucoup. 7 ans plus tard, en 1928, le banquet de Ste Cécile ne coûtera que 20F.

1923, c'est aussi l'année ou Monsieur Flavien Arbez, commerce de vins, devient Président en remplacement de Lullier.
Le président souriant, remplira sa tâche à la perfection, avec discrétion, représentant La Fraternelle ici et là, présent aux grandes répétitions, sans défaillance, jusqu'en 1946.
Les effectifs de 1919 à 1927 montent rapidement surtout à partir de 1921 (automne). On voit apparaître la clarinette (une en 1922) et deux saxophones pour la première fois(1923). En 1923 et 1924, La Fraternelle organise des séances théatrales.
Vers 1924, à la clique, des musiciens servant dans la cavalerie ont appris la trompette. Avantage : il jouent comme musiciens aux concerts et de la trompette de cavalerie en défilé. Wagram, Michel Strogoff deviennent des succès de la société.
La Fraternelle, heureuse, forte, aimée par Tavaux, enviée par les environs, va de temps en temps en sortie, notamment à Dole et au carnaval de Châlon. Et elle défile allègrement de la salle de répétition à la gare, à l'aller et au retour. Car on prend le train, à cette époque, pour tout déplacement.
En 1926, en novembre, 8 jours avant la Ste Cécile, un dimanche matin, une nouvelle consternante se répand : Isidore Danjean est mort. Son ami, Augusin Mâle lui avait succédé comme maire en 1921. A la musique, Paul Courcenet, sous chef, devient chef.
 
1927-1932
 

Paul Courcenet accepte la direction mais sans enthousiasme. La société vient d'entrer dans une période de creux (c'est toujours ainsi) mais il y a encore 37 musiciens sans la clique.

Des habitudes sont prises : le carnaval de Chalon est traditionnel. La Fraternelle est appelée à Dole plusieurs fois par an, ce qui implique un recrutement important des membres honoraires Dolois.

On voit aussi La Fraternelle au biou à Arbois (1928) et à champagnole (1928) au festival fédéral de Belfort (1929).
Le carnaval 1929 à Chalon est mémorable. Il fait -28° en fin février ! Ce sera le dernier pour Tavaux.
Pour la première fois, La Fraternelle étend en 1933 son activité au stade des Cités, tout neuf, le 14 juillet à une fête organisée par l'USTD qui vient de naître.

Mais l'effectif baisse : (sans la clique, d'ailleurs de 3 à 5 personnes), il y a 33 musiciens en 1929, 28 en 1930, 25 en 1931.
Pourquoi ? Les jeunes s'en vont ailleurs trouver du travail (PLM, Police, Région Parisienne) et puis, il y a eu des deuils : 3 jeunes musiciens décédés qui entrainent des départs.

Les cotisations restent à peu près constantes. Droit d'entrée 200 F, cotisation actifs et membres honoraires 10 F. Le banquet de Ste Cécile à 18 F en 1927 sans vins passe à 20,22,25F (1930).
La subvention communale est de 500 F. Il y a un nombre constant de membres honoraires175+-10 dont 70 pour Dole St Ylie. Les dépenses sont variables, elles ne concernent que les déplacements. On n'achète ni musique, ni matériel.
On note en dépense totale annuelle :
1927 : 6900F -1928 : 6800F -1929 : 7600F -1930 : 3200F -1931 : 3000F
Paul Courcenet est fatigué. Il souhaite ne plus avoir la charge de chef. Pas de répétition dans l'hiver 1931/32. Pas concert pour Pâques.
LA FIN ? NON ! Louis Mâle, la providence, est rentré de l'armée en 1925, de la musique du 4ème zouave à Tunis où il a accompli 18 mois de service militaire.

 
1932-1972 Louis Mâle
 
Qui est-ce ? Il est le fils de cultivateur. D'une famille de grands musiciens. Entré en 1919 au cours de solfège, en 1921 sur les rangs.
Son père, Edmond Mâle Simonot est porte bannière de La Fraternelle. Ses frères, Fernand et Léon sont des saxophonistes de classe. Son grand père maternel, Mr Simonot, tiendra l'harmonium de longues années à St Gervais.

Un oncle, Augustin Mâle, joue la contrebasse Sib à La Fraternelle dont il est secrétaire depuis 1894. Un autre oncle, Gaston, dirige une société de musique à Besançon-St Ferjeux.

En 1926, il s'est marié avec Melle Renée Arbez, fille du Président Arbez lui même marchand de vins, auquel il a succédé au commerce.
Au service militaire, il est à la musique su 4ème zouave, à Tunis. Bugle soliste, mais il a des difficultés ; il souffre des lèvres en jouant beaucoup et le chef, qui l'apprécie, en fait un instructeur.

Aimant passionément la musique et La Fraternelle, pratiquement seul de 1932 à 1936, il va remonter La Fraternelle, diriger, faire les cours aux jeunes, monter des séances théatrales, orgaiser Ste Cécile et sorties, améliorer le matériel, créer le répertoire, payer de sa personne, de ses deniers, de son temps.
1932-1939 l'avant guerre
 
Dès sa nomination vers avril 1932, Louis Mâle ranime les énergies, prépare le concert traditionnel de la fête patronale (juin). Il recrute des défaillants récents. Et le résultat est immédiat.

Il faut encourager les musiciens. Pour cela, il organise le 14 août, une sortie à Genève, en 1932.
Dès l'automne, il y a une trentaine d'élèves au solfège. Parmi eux, Marius Daubigney et Paul Pétiard. Comme instructeurs, avec Louis Mâle et les sous-chefs : l'ancien Albert Enoc, le nouveau Albert Roy. Paul Courcenet n'a pas voulu de fonction, mais il reste musicien jusqu'en 1935 où la fatigue, la maladie sournoise l'oblige au repos.

Les concerts sont étendus à Tavaux Cités et à Damparis.
Louis Mâle supprime la formation en cercle, irrationnelle, fait acheter un podium démontable. Il organise des séances théatrales (mars 1933-1934). On y joue des opérettes. Il organise aussi des sorties : Lausanne en 1934, Villers le lac en 1935. Il se donne en plus, en 1932 et 1933, le courage d'organiser la Ste Cécile en salle des répétitions.
Il faut trouver des fourneaux, les installer, trouver des tables, des casseroles, louer la vaisselle, faire le marché et ensuite tout démonter, rendre, remettre en place !
Mais quelle Ste Cécile durant 2 années consécutives !

En 1935, l'effectif est de 48 à la Ste Cécile, la clique a été intégrée. Le banquet (on a repris le chemin du restaurant) coûte 20F.
La bibliothèque est considérablement renouvelée, mise à jour. Le premier achat d'instrument aura lieu en 1936, une contrebasse Sib monopole; coût : 2000F
Les dépenses sont de 6300F (1932) - 11800F (1933) - 6700F (1934) - 2400F (1935) - 3600F (1936).

En février 1936, Augustin Mâle, secrétaire trésorier propose Marius Daubigney pour le remplacer. Augustin Mâle est alors nommé Président d'honneur et reste maire jusqu'à 1944 et président d'honneur jusqu'à sa mort en 1951.
La subvention est réduite à 450F en 1936. C'est la crise (ou ses conséquences).
 
 1936 Marius Daubigney
 

Qui est-il ? Tavellois de souche, né en 1913 dans une famille de cultivateurs. Ecole primaire puis primaire supérieure (BE - BEPC de l'époque).
Il entre chez Solvay en 1930, emploi modeste. Mais il aime La Fraternelle.

Son père est un inconditionnel, ami de tous les dirigeants de la société. Son frère a été musicien et trompette.

En 1932, il répond à l'appel de Louis Mâle, arrive au solfège à 19 ans en octobre, prend le bugle 3 mois plus tard, joue au concert de Pâques, en apprend assez en 1 an pour être reçu à l'examen d'entrée de la musique du 152e RI à Colmar en octobre 1933.

Me Arbez dès sa rentrée en 1934 l'observe et lui dit un jour : "Tu es un homme précieux pour La Fraternelle". Un an plus tard, il devient secrétaire.
Et Paul Pétiard ? Son père est ouvrier bourrelier chez Solvay. Il est lié à Marius par la musique. Ils sont de la même classe de solfège. Paul, plus jeune, attend quelques années avant de se manifester. Mais c'est un mordu. Nous le verrons à l'oeuvre dès 1944, en équipe avec Daubigney. Excellent élève, il apprend la clarinette.

C'est en 1936 que Albert Roy, bugle soliste, excellent musicien devient sous chef. Il donnera durant de longues années l'exemple du bon sociétaire et du bon camarade.

1937 : sortie à Arbois. On achète des instruments de qualité. Une contrebasse Mib, une basse SiB, un bugle marque Couesnon monopole. Coût : 4000F

  1938 voit le décès de Paul Courcenet que La Fraternelle accompagne pour la dernière fois.
Le nouveau secrétaire a organisé le 28 août un concert-bal, et une tombola et en 1939, La Fraternelle fait une sortie à Lons le Saunier. Elle est magnifiquement reçue par la municipalité et l'harmonie après le concert du matin.
Les dépenses 1937-1938-1939 sont de 10600, 5600, 9300F. L'effectif est stable à 44 membres.
Les membres honoraires Dolois sont beaucoup moins nombreux (20). Le nombre total de membres honoraires est de 195 en 1937, 201 en 1938.
De nouveaux élèves arrivent sur les rangs en 1939. A la veille de guerre, l'effectif est de 62
musiciens dont 8 à la clique.
En 1936, il y a eu le Front Populaire. Dans les années qui précèdent, la tension a été vive entre la droite et la gauche. Les fascismes italien et allemand donnent des tentations à certains groupes écoeurés par les scandales (Stavisky).
Une nouvelle société, l'amicale S.O.R (sous officiers de réserve) nait début 1938. Elle sollicite La Fraternelle pour sa remise de drapeau... qui accepte. Mais 5 ou 6 musiciens voient dans ce groupe une incidence des groupes qui à Paris en 1934, ont causé les désordres et tenté d'abattre la République. Il quittent La Fraternelle.
Nous les avons vu partir avec tristesse. C'était de bons sociétaires, de bons camarades, de bons musiciens. Nous, la grande majorité n'avions vu dans la participation d'une heure ou deux, que le moyen d'attirer des sympathies? Nous nous sommes trompés : sur une trentaine de S.O.R , un seul a pris 6 mois plus tard la carte de membre honoraire !
Heureusement, plus tard, nous retrouverons nos musiciens de La Frat avec joie.
 1939-1944 La guerre
 
 C'est la guerre. Tout s'arrête (août 1939 - début 1942). Cependant, au cours d'une permission, Marius Daubigney réunit le 10 janvier les anciens autour du Président Arbez et fait son compte rendu financier. 27 musiciens sont sous l'uniforme. L'avoir en argent est en banque : 6200 F.
Mais après la tragédie de 1940, on se retrouve : pas tous, et on espère. Quoi ? il y a le couvre feu; les salles et même les classes sont occupées. Cependant en 1942, il y a moins d'occupants. Les comités d'aide aux Prisonniers de Tavaux, Molay, Damparis ont besoin d'argent... et de la Frat.
A Tavaux, Marius Daubigney est l'animateur du comité local PG(Prisonniers de Guerre), et on fait appel à lui pour diriger la chorale à l'église à St Gervais. Il hésite : pas l'habitude de l'église, ignorance du plein chant. Finalement, il accepte et se prend au jeu.
La Fraternelle, le comité PG, la chorale qui monte à un effectif de 45 vont, ensemble, par les grandes fêtes de 1942-1943 permettre l'envoi de colis gratuits bi-mensuels aux quelques 18 PG de la commune. La Fraternelle participera aussi aux fêtes des comités de Damparis et Molay.
Les cours de solfège sont faits autant que possible. La Fraternelle ne fait que s'entretenir, une vie réduite modestement, sans Ste Cécile, sans cotisations.
   
1944-1953 L'ascension
 
Durant l'hiver 1944, on espère la fin de la guerre. Quand ? Pour les gens de Tavaux, l'occupation a fini le 9 septembre, après le cauchemar du 14 août.
Pour que les allemands ne prennent les instruments (ils raflaient le cuivre), Marius Daubigney a caché chez Louis Mâle l'essentiel des instruments de la société. Mais le 14 août 1944, c'est le bombardement. A 11h00, il fait grand soleil, dans le ciel bleu des avions, beaucoup d'avions, 100 ? 150 ? à 11 h 15 environ, les bombes tombent, la maison Mâle est détruite, les instruments de La Fraternelle avec. A Tavaux, 5 morts, 70 maisons détruites.
Il va falloir recommencer. Dans l'hiver 1944, on reprend en mains les élèves. En février, on recommence les répétitions. Cela se précise de plus en plus... la victoire approche... le 8 mai 1945, c'est l'explosion... de joie.
La Fraternelle a, pour fonctionner, les instruments personnels des meilleurs musiciens. Ce n'est pas négligeable. On emprunte des instruments à Champvans, on en loue à l'harmonie Doloise et ailleurs, on mobilise les quelques cuivres, très médiocres, qu'on avait laissé en mairie comme appât.
Bref les 8 et 9 mai, La Fraternelle est le point central des réjouissances :
- du défilé incroyable qui comprend tous les enfants des écoles, pompiers, combattants, résistants, l'USTD et bien d'autres. C'est une masse tricolore qui vient au monument où La Frat joue sonnerie, Marseillaise et marches d'allégresse.
- de la fête quasi improvisée au stade des cités l'après midi du 8 mai.
- des bals qui vont durer jusqu'au 3ème jour au matin du 11 mai.
Mais après la fête, il faut revenir aux réalités. Les solutions de fortune ne peuvent pas durer longtemps. C'est dès avril que se constitue l'équipe qui va être le moteur de l'activité incroyable nécessaire au rééquipement de La Fraternelle.
Il y a bien sûr Louis Mâle. Pour la direction, pour prendre une part importante à la formation des élèves, et donner son appui pour le reste, il est là.
Le trio qui trouve les idées, les affines, imagine, organise, réalise, c'est :
- Marius Daubigney qui a l'expérience des fêtes PG,
- Paul Pétiard, son ami vite devenu secrétaire adjoint,
- René Meyer, toujours disponible, boute en train, intelligent, inventif et par surcroit excellent clairon-trompette. Il rend en main la clique tout en prenant une belle part dans l'organisation des fêtes.
Et l'ambiance, en 1945 / 53 ? Formidable. Les gens ont été privés, de tout. Ils aspirent à la joie. Ils veulent, les jeunes surtout, des fêtes, des bals, de la musique.
Le moment est opportun.
En 1945, on organise en plus des concerts, 9 bals entre le 15 mai et le 15 novembre. La première quinzaine de juin, on relance les membres honoraires.
Le 9 septembre dans les cours de Joliot Curie, on organise la première fête de la musique, calquée sur la fête PG de 1943 : des jeux, bal, buvette, tir, buffet, enveloppes surprises, quelques attractions. Dans la journée du 9 septembre, le bénéfice net est de 45000F, il y a 300 membres et 41 actifs.
1946 va commencer par deux deuils : Mr Arbez, Président, Mr Edmond Mâle porte drapeau disparaissent à quelques mois d'intervalles. La Fraternelle les accompagne. Louis Mâle perd son beau père, puis son père. Malgré sa peine, il ne s'éloigne pas longtemps de La Fraternelle qui a bien besoin de lui.
Mr Mercier devient Président. Officier retraité, natif de Tavaux, ancien musicien à La Frat dans sa jeunesse, ami de la Société, il est tout désigné. Mr Georges Desvignes, Directeur de l'école de la Cité, lui aussi, ami de la musique est désigné comme vice-président. A partir de mi 1946, les bals vont s'espacer. Ils commencent à rapporter moins. La fureur de danser se calme.
Deux grandes manifestations : la fête du 25 août (2ème fête de la musique) et la Ste Cécile. La grande fête va évoluer. Les jeux (boites, quilles, tir...) ont moins d'importance. Avec La Fraternelle, on a fait venir la société de musique de St Aubin, le groupe optimiste de Dole "on chante dans mon quartier" et l'USTD avec des mouvements gymniques. Un bal, un feu d'artifice attirent la grande foule. Résultat net de la journée 100 000F.

La Ste Cécile va être un triomphe le 7 décembre. Au cercle Solvay, il y a bal en l'honneur des membres honoraires qu'on a sollicité deux fois en 1946. On a racheté nombre d'instruments. Les élèves, nombreux, soumis à plusieurs cours par semaine, constituent déjà une musique autonome qui le 7 décembre devant plus de 1000 personnes jouera toute seule sur la scène. Il faut une demi-heure pour traverser la salle. Il y a 3 orchestres.

C'est, outre un bénéfice énorme de propagande, un bénéfice net de 13000 F alors que chaque membre honoraire bénéficie de deux entrées gratuites.
1948 Il faut dire un mot du secrétaire-trésorier. Despuis des années, il est sur la brèche à la chorale, à la musique, où il fait les cours de solfège, de cuivres et est la cheville ouvrière de bals, sorties, fêtes, manifestations. Depuis l'été 1947, il est très fatigué. En mars 1948, c'est la maladie grave, 18 mois d'arrêt. Le 8 mai 1948, on craint beaucoup. La Fraternelle, à l'issue de la cérémonie au monument vient défiler sous sa fenêtre de malade pour lui montrer son amitié. Tous les musiciens lui ont rendu visite. Cette petite histoire montre quelle atmosphère régnait à La Frat. Daubigney, d'ailleurs, dès qu'il le peut à partir de juillet, participe à nouveau et à distance, par lettre (il est en repos à La Planée près de Pontarlier) à l'organisation de la fête d'août 1948.

Les années suivantes verront La Fraternelle poursuivre son activité. En 1948 avec Arbois et la fête du 29 août. En 1949 avec souscription tombola, une fête le 9 juillet, une autre le 6 août plus la participation à la fête départementale des écoles laïques. En 1950/51 avec des séances théatrales, une fête en juillet.


1950

Le rythme est encore considérable mais les circonstances sont moins favorables, et l'effectif a décanté. De 93 sur les rangs à la fête des fleurs de Dole en mai 1948, l'effectif est de 80 au festival de Chalon en 1949. Cette sortie fatigue les anciens, qui ont fait au moins 5 kms de défilé pour un accueil officiel le moins que l'on puisse dire est qu'il a été lamentable. En fin 1949, l'effectif est de l'ordre de 60, une dizaine d'ancien et des jeunes sont soit démissionnaires, soit au régiment.
Enfin, il est de 45 en 1951. Des efforts sérieux ont été faits pour la présentation, insignes, chemises blanches, flammes, baudriers, gants pour la clique. Beaucoup d'instruments ont été rachetés. Il faut cependant relancer.
En 1953, La Fraternelle qui va fêter son 75 anniversaire, va connaître des deuils. Jean Dupré, 17 ans, décède brutalement vers Carnaval. Peu après, le chef Louis Mâle est à son tour frappé. Depuis plusieurs années sa plus jeune fille et les siens connaissent une terrible épreuve. elle nous quitte à 20 ans.

Et malgré tout, Louis Mâle, dans les chagrins de ces années cruelles, n'a pas abandonné. Puis c'est Claude Weyh, 19 ans, qui part à son tour et toujours en 1953, Georges Truchot.
1953
Marius Daubigney reste secrétaire, mais Marcel Bannelier devient trésorier. C'est nécessaire : Pétiard a quitté Tavaux et il faut organiser le 75ème anniversaire. Après un grand bal le 14 mars, les sorties à Bletterans, fête des fleurs et à Port Lesney, les fêtes du 75ème anniversaire seront les dernières de la série. L'année finit avec 290 membres honoraires, 55 éxécutants et une subvention de 90000F. La fête du 75ème anniversaire les 6 et 7 juin 1953 est aussi le congrès fédéral. On a le concours du Pélican d'Arbois, du C.L.D, de l'harmonie de Champagnole, des écoles (Pasteur et Joliot Curie), de la musique de Chaussin.
La fête avec une recette de 528000F brut va laisser 178000F net. Elle se déroule Ecole Pasteur en soirée. A 3h00 du matin, on déplace par camion le matériel de sonorisation, les buvettes, les sièges, pour les remonter, comme les cirques, à Joliot Curie au petit matin. La Frat est sur les rangs à 8h15. Une douzaine de musiciens ont passé la nuit sans dormir.
1954

Deux événements vont marquer l'année :
- La naissance des petits tambours
- La subvention Solvay.

La société participe au carnaval de Damparis, à la fête des écoles à Arbois, à la fête des fleurs de Morez, à une fête à Poligny. Partout, c'est le succès.
En tête les 24 petits tambours attirent la foule. C'est nouveau. Et la société avec eux, est impressionnante. Effectif : 84, impeccable, en tenue, en alignement.
A Arbois, le matin, on chuchote : "Ah, naturellement, c'est la musique Solvay" Daubigney n'est pas très content, plusieurs fois, il rétablit la vérité : La Frat n'est même pas municipale.

 Le lendemain, Mr Bellorgey (directeur Solvay) a parcouru la presse et dit à Daubigney "alors, vous êtes content, vous avez eu du succès; qu'ont dit les gens d'Arbois ?"
"Les gens d'Arbois ont dit que c'était bien mais pas étonnant puisque c'est la musique Solvay. Cela ne me fait rien qu'ils le disent, mais je voudrais bien que ce soit un peu vrai". Mr Bellorgey comprend vite. Il sourit et me dit : "Et Bien, dès cette année, vous pouvez prélever 200 000F (300 EUR) à la caisse, chaque année. Qui était content ?
Il est difficile d'après les livres où les données sont globales de donner de larges précisions sur les années suivantes.
Ce que nous savons, c'est que le 26 janvier 1956, Mr Mercier qui a pris de l'âge donne sa démission. Il est de suite désigné comme Président d'honneur.Marius Daubigney est élu à l'unanimité moins 1 voix, Président de la Fraternelle. L'état major est réélu : Louis Mâle chef et Roy-Humblot sous-chef, René Meyer reste chef de clique. Marcel Bannelier trésorier et au comité Albert Enoc, Jean Paul Nodot, Jean Chenevoy, G Rousseau, René Simon, Léon Mâle, J Chauderon, Ch Maillier. En 1956, Bletterans recoit à nouveau La Fraternelle; on organise le car de ramassage et on lance à l'Avenue (le cinéma) et à Damparis les concerts films. En 1958, c'est à St Germain du Bois que le Frat se produit et en 1959, à Chaussin à une fête du stade.
Tout cela n'exclut pas les concerts d'été et d'hiver, les participations à Damparis qui sont entrées dans la norme.
 
1959-1972 le rythme de croisière
 

Chaussin - 1959
Les renseignements à partir de 1959 sont peu détaillés. Il n'a pas été possible de retouver les effectifs exacts. Les données du livre comptables sont globales. La Fraternelle se produit toujours aux carnavals de Chaussin et Damparis, mais elles sort moins dans le Jura. C'est que les congés annuels vident les rangs pratiquement à partir de fin juin. Or, souvent, les fêtes sont organisées en juillet, août, septembre, mais la société ne peut pas s'y présenter.
La commune de Damparis a pris l'heureuse habitude d'une petite subvention annuelle de 200F, La commune de Tavaux reste à 136000F totaux.
Les membres honoraires varient en nombre : 1959:390, 1960:390, 1961:?, 1962: 210 pour 42000F, 1963:157F=?, 1964:593F=290, 1965: 758F=370 1966:929F.
Dans l'année 1962, Albert Enoc est décédé, il a compté à La Fraternelle, qui va aux obsèques à Choisey.
En 1963, on renouvelle les pantalons (68), la Ste Cécile se fait chez Bach. Il y a eu concert à Foucherans. Mr Grandvaux, instituteur, entre à La Frat.
1964 voit la disparition de Georges Desvignes, ancien vice Président très actif (1946-1952). Pour la Ste Cécile, le banquet est à 25 EUR.
En 1965, on renouvelle le concert de Foucherans et La Fraternelle se rend à une cavalcade à Belfort le 23 mai. La Ste Cécile a lieu chez Bach à Chaussin (25F)
 
En 1966, il y a 461 cartes de membres honoraires pour 909F. On renouvelle les flammes des tambours. La Fraternelle se rend à Beaune pour la fête des vins, l'effectif est de 68 musiciens. La Ste Cécile devient une tradition : Chez Bach à Chaussin. Coût : 25F
Puis 1967, c'est un corso à Dole où La Fraternelle participe l'après midi et aussi en soirée. 470 membres honoraires à 2F. Ste Cécile chez Bach : 26F. Les subventions restent à 1360F (Tavaux), 300F (Damparis)... et Solvay immuable, tous les ans 2000F.
1968 est marqué le 20 octobre par le congrès de Rhin et Danube à Tavaux. La Ste Cécile reste inchangée. 1035F de cartes de membres honoraires.
En 1969, on change, le banquet se fera à St Aubin et après en avoir délibéré, La Frat décide de reprendre la participation à la messe de Ste Cécile. 1069F de membres honoraires. La Fraternelle est allée le 29 juin au centenaire de la musique d'Orchamps. Depuis 1968, la subvention communale est de 1600F. C'est en 1969 que décède Mr Mercier, Président d'honneur.
Le 27 avril 1970, la société va à la fête des Salines de Montmorot, et le 31 mai à un match de Moto-ball France-Allemagne au stade Paul Martin. La ste Cécile revient chez Bach (32F)... pour revenir à St Aubin (35F)
1972 va marquer une étape. L'année s'est déroulée selon la tradition. Il y a eu 361 cartes de membres honoraires à 3F et l'uniforme est en cours de renouvellement. La commune de Tavaux a versé une subvention ordinaire de 2000F et une subvention d'habillement de 6000F.
Le chef Louis Mâle, qui dirige depuis 40ans, assiste à la Ste Cécile chez Rabut à Tavaux (café restaurant ex Dupré) mais il doit subir peu après un grave opération. C'est le sous chef Fleury André qui prend la direction à titre provisoire.
Louis Mâle ne sera pas à Beaune en 1973 et Fleury André deviendra chef en titre fin 1974, Louis Mâle ayant démissionné ainsi que Marius Daubigney, Président qui ne sera remplacé qu'en 1975 par Mr Berthet.
Mais le secrétaire-trésorier Roger Gandillet a donné lui aussi sa démission début 1974 ainsi que Meyer, chef de clique et musicien. Le secrétariat est pris en charge par Roger Nodot et Jean Thiébault. Meyer, qui reste sur les rangs est remplacé par Dehnin.
C'est une nouvelle période qui commence. Début 1975, La Fraternelle nomme Louis Mâle chef honoraire et Daubigney, Président d'honneur.
 
 1974-1991 L'ère André Fleury
 

C'est dès l'âge de 14 ans en 1936 que André Fleury entre en qualité de deuxième violon au cercle Solvay. Puis il passe rapidement aux timbales. Au début des années 1940, il rejoint les rangs de La Fraternelle, aux timbales d'abord puis au saxo soprano, son instrument de prédilection. Parallèlement à ses activités à l'harmonie, on le retrouve à l'orchestre Alberty, à l'harmonie doloise, au groupe symphonique de Dole. Avec son métier d'enseignant, la musique est vraiment la grande affaire de sa vie. Il met d'ailleurs ses qualités d'enseignant au service de la musique puisque pendant une quinzaine d'année, il formera des dizaines de jeunes musiciens à La Fraternelle. 1974 voit donc André Fleury prendre la direction de l'orchestre. Pendant 19 ans, il assumera les fonctions de directeur et de formateur ! En 1991, la maladie arrête ses activités et il doit céder la direction à Claude Rollier.